ST LARY PATOU TRAIL
Samedi
Réveil de bonne heure à 5h pour
prendre la route en direction de St Lary et surprise il pleut, un petit crachin qui va nous accompagner jusque
Lannemezan avant de laisser place à un grand soleil sur St Lary. Nous arrivons à 12h30 sur notre lieu
de résidence où nous nous installons à l'ombre des cerisiers pour
déjeuner. La chaleur est déjà bien présente, la montagne qui nous entoure est magnifique,
ca sent bon les vacances ! Malheureusement Steph n'a pu poser plus de
jours et dès le lendemain il faudra repartir …
Après avoir investit nos chambres et
fait un micro sieste pour se remettre de la route nous filons au cœur
du village retirer mon dossard. J'en profite pour récupérer
quelques conseils bien précieux sur les difficultés de la course et
en particulier la montée au lac de Consaterre avec quelques passages
sur des névés et son dénivelé de 1200m en seulement 5 km. Face à
ces difficultés je pense que les bâtons seront d'une aide très
précieuse.
L'atmosphère est détendue, je suis là pour une course plaisir et sans enjeu. Sur le retour je profite des boutiques
de souvenirs pour faire plaisir aux enfants. De retour à la résidence je demande à l'animateur des randonnées un petit parcours d'1h
aller-retour pour me dégourdir les jambes et très vite il me monte
une petite excursion avec notes explicatives très détaillées, le
top ! J'enfile mon sac, j'enfourche mes bâtons et c'est parti !
La fin de journée sera partagée à
une tablée de quelques trailers habitués des courses en montagne où
j'écoute les expériences des uns et des autres. Vers 21h je les laisse continuer car il est temps pour moi de préparer mon sac de course et ma tenue.
Dimanche
5h20, le réveil sonne, sur la
pointe des pieds je file dans la salle de bain où j'ai rassemblé toutes mes affaires puis je rejoins mes camarades de course au restaurant
pour le petit déjeuner. Les derniers préparatifs sont finalisés et il est temps d'y aller. Nous sommes à 800m de la zone de départ , nous marchons tranquillement, le ciel est bleu mais la fraîcheur de la nuit ne s'est pas
encore tout à fait dissipée, c'est une sensation très agréable.
J'aime beaucoup ce genre de courses,
d'une part je ne connais pas le parcours et ce sera un vrai bonheur
de fouler les sentiers autour de St Lary, une vallée que je n'ai
pas revue depuis 20 ans, d'autre part c'est une course de montagne et
je n'ai pas de repères, je ne pense pas chrono, je ne pense pas
classement, je suis uniquement là pour me faire plaisir, me surpasser
certes mais dans un cadre magnifique à mes yeux. Ca va être une
belle journée !
6:45, le briefing est donné,
l'organisateur insiste bien sur le règlement et en particulier il
nous demande à tous de sortir nos téléphones et vérifier que l'on
a bien le numéro de téléphone de l'organisation. Le départ est donné à 7h00 et nous
descendons à toutes jambes le village. Ca part vite je trouve, 15 km/h, je ne
cherche pas à coller la tête de course et je dois être en 8ème
position quand nous prenons les sentiers pour attaquer la première
montée. Je me colle derrière un concurrent et je m’acclimate au
relief, ca grimpe dur, les mollets s'activent, le souffle s'adapte à
la montagne. Nous doublons les participants, je suis en
3ème position et j'entame la conversation avec mon compagnon du moment qui me
signal que la personne devant est sur le relais tout comme lui et
que je suis donc premier du 45 solo. Cool !
Une fois la première difficulté
avalée, sur une portion plus roulante nous nous faisons rattraper
par un anglais, toujours en relais et associé à Lloyd Taggart le
champion d’Angleterre de Trail. Il passe devant, je prends sa
foulée. Le bougre c'est un excellent descendeur ! Je prends son rythme et m'accroche derrière, par contre dès que ca remonte
il décroche complètement et je vais alors me retrouver seul dans
mon aventure passant Mouscades et le Pla d'Adet.
Quand j'arrive au ravitaillement du Pla d'Adet il me
reste encore un demi-litre d'eau, je prends 2 tucs et un verre d'eau mais ne recharge
pas mes flasks, je le ferai en bas au niveau de l'aire de passages des
relais. J'amorce donc une longue descente
vertigineuse avec beaucoup trop de caillasses à mon goût, je suis
en permanence sur les freins, les cuissots et les mollets souffrent et encaissent
les chocs. Sur la fin je sens l'anglais revenir dans
mon dos quand arrivé en bas, après un petit saut pour revenir
sur un chemin carrossable, je me tape 2 belles crampes aux mollets
qui vont bien mettre 300m à se dissiper. Je poursuis donc sur une
partie roulante me permettant de maintenir un bon
rythme et de doubler de nombreux concurrents du 10 km.
J'arrive enfin à Tramezaygues, 25ème km, sur l'aire de passage de relais. Je ne vois pas de
ravitaillement, pas de point d'eau, des organisateurs m'invitent à
prendre à droite et voilà que je me fais courser par un chien suivi de sa
maîtresse que j'emmène sur près d'1km. Dans toute cette agitation je n'ai donc pas
fais l'appoint en eau, à Rioumajou je ne trouve pas d'eau non plus et j'amorce donc l'ascension de Consaterre presqu'à sec, 1200m de
dénivelé positif devant moi sur 5 km. C'est une grosse erreur de gestion de course et que j'aurais pu payer très cher par cette chaleur ...
A ce moment je n'ai aucune idée de mon
avance sur mes concurrents, je ne les ai pas en vue mais en regardant les temps de passage après course je n'avais que 3mn d'avance à Tramezaygues.
Retour sur la course, ca y est ca monte dur et j'entends
revenir un concurrent, c'est l'anglais Lloyd Taggart qui me dépose
sur place, je prends se foulée quelques mètre avant de revenir à
la raison, j'ai déjà plus de 25 km dans les jambes, lui vient juste
de partir pour une seule montée !
La montée se poursuit, je quitte la
forêt pour prendre les alpages sous le cagnard, le soleil tape très
fort, je n'ai presque plus d'eau et je fonctionne à l'économie.
J'absorbe mes smoothies en guise d'hydratation même si je sais que le sucré à tendance à faire un appel d'eau dans le tube digestif et donc à déshydrater ... mais de toute façon je
n'ai plus que ca. Je commence à être vraiment dans le dur, je n'ai plus d'eau, je vois les névés là-haut, très loin, trop loin, je vacille, dans cette pente abrupte les bâtons sont d'une aide
précieuse, ils me portent, je souffre et je suis déshydraté, ma montre bip, voici un km
parcouru en 20mn, vache ! Plus lent je ne peux pas !
Un torrent, j'en profite pour
m'asperger d'eau fraîche, je mouille mes lèvres mais à ce moment je
n'ai envie que d'une chose, m'arrêter, m'asseoir et attendre qu'on
vienne me chercher, je suis au bout du rouleau, la pente est trop
forte et on m'annonce encore près de ¾ d'heure pour
arriver en haut ...
Enfin j'arrive sur les névés, hop
là ! Mais ca glisse la neige ! Je suis un peu gauche et
mets quelques mètres avant de trouver le moyen de ne plus glisser.
Je sors enfin de là et retrouve un sentier, j'arrive à
l'embranchement aller-retour du lac, 15 mn et j'y suis, après ce
ne sera plus que de la descente, ouf ! J'aperçois en contre-bas mon poursuivant sur la neige, il n'est pas loin de moi. Je croise de nouveau Lloyd qui
redescend déjà, il a pris la tête du duo.
Le lac, enfin j'y suis
arrivé ! je bois, j'aurais bu toute l'eau du lac ... La personne
me demande de faire le tour du lac et de revenir vers lui où il me
remet un bracelet bleu preuve de mon passage, il remplit une seule de
mes 2 flasks, ici l'eau a été hélitreuillée, l'eau est rare, précieuse et il
en faut pour tous les participants.
Je prends une dernière gorgée et j'amorce la descente où je croise très
vite mes concurrents du solo. J'estime mon avance à 3 mn et mes 2 poursuivants sont très proches l'un de l'autre, ils vont pouvoir se bagarrer et ce n'est pas à mon avantage.
Finalement en analysant les temps de passages après course je me
rends compte que je n'ai pas perdu de temps dans la montée de Consaterre, même si
j'étais cuit, même si je n'avançais pas, j'ai conservé cet écart de 3 mn. On était tous dans la même galère ! Néanmoins une meilleure gestion de l'eau m'aurait permis d'allonger mon avance.
Il ne me reste plus qu'à descendre sur St Lary, 10 km de descente avec juste un petite portion à remonter au début. En effet il y a cette petite montée à passer et aïe aïe
aïe ca crampe de nouveau, les mollets mais aussi les abducteurs et
adducteurs. Allez courage ! Je commence à penser à la victoire, la descente est très technique, le dénivelé est
fort, le chemin très étroit avec beaucoup de rochers dépassant du
sol, je m'aide des bâtons pour me rééquilibrer et me freiner un
peu. A chaque personne que je croise je demande s'ils ont un visu sur
mes poursuivants, à chaque fois la réponse est non, je me rassure, pas de panique il faut maîtriser les appuis et chaque bip de ma montre est un km gagné sur la victoire.
Passage au 40ème km, dernier ravito que j'ignore, il me reste un peu d'eau et pour 5 km de descente ca va le faire. Je suis sur une longue portion carrossable, ca descend un peu moins fort ce qui me permet de dérouler sans trop appuyez sur les freins, ca
fait du bien !
Une moto-cross s'élance devant moi pour me guider jusque
l'arrivée. Retour sur la route, super ! Je sais que mes concurrents ne me reprendront que très peu de temps sur une telle section. Ce sont 1,5 km qui vont me permettre de préserver mes jambes, remettre du rythme et me rassurer car toujours personne en vue derrière.
Km 42, je retrouve des sentiers de randonnées caillouteux, ca
descend toujours, je décide donc de lever le pied, ce serait trop
con de tomber ou de se tordre une cheville, la victoire est là juste en
bas. Je me retourne sans cesse, km 43,
km 44, km 45 et enfin St Lary est là, j'y suis !
Je sors
des chemins par un petit escalier de pierres et on m'annonce
l'arrivée à 500m, toujours personne derrière, c'est une obsession mais cette fois c'est bon, c'est fait !
J'entends le speaker, le visage fatigué s'efface pour laisser place
à un large sourire, j'aperçois ma femme que j'embrasse, mes enfants
me tapent dans la main, je lève les bras et je franchit victorieux
la ligne d'arrivée.
Un pas plus loin je suis les mains sur
les genoux, exténué, démoli et détruit. Il me faudra de longues
minutes et 3 litres d'eau avalé que je ne pisserais même pas pour me remettre un peu sur pied. Je réponds aux interviews, je mange un peu, je bois encore un peu avant de
rentrer sur notre résidence hôtelière où je prendrais une bonne
douche et une bonne séance de Compex pour me redonner du tonus. La
déshydratation est passée et le corps fonctionne beaucoup mieux.
Il est 14h30 quand nous revenons sur la
zone d'arrivée où je savoure très frais mon Coca Zéro !
Enfin la remise des prix, et quel beau trophée ! Et quel beau lot ! Un séjour au Mexique et la participation au Carrera de Baja Mexican Trail.
16:00, le weekend est passé et il est déjà l'heure de repartir même si ce ciel bleu et ces si belles montagnes nous invitent fortement à rester quelques jours de plus ... Nous reviendrons c'est sûr !
Articles :
http://www.ladepeche.fr/article/2015/06/29/2134263-ils-ont-tutoye-le-ciel-d-aure.html
http://www.runningmag.fr/4345/articles/28-06-15-une-edition-du-patou-epique-.html
Articles :
http://www.ladepeche.fr/article/2015/06/29/2134263-ils-ont-tutoye-le-ciel-d-aure.html
http://www.runningmag.fr/4345/articles/28-06-15-une-edition-du-patou-epique-.html
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