Le Trail de Boël 2017

Depuis Trédion, plus rien, une tendinite bien incrustée au niveau de l'ischion et cette préparation que je n'arrive toujours pas à mettre en place pour le Patou Trail à St Lary dans les Pyrénées, courir un marathon de montagne dans ces conditions ca va être bien compliqué !

Forfait il y a 15 jours à St Perreux, une course qui me tenait à cœur, forfait la semaine dernière à Ancenis alors que j'étais prêt à prendre la voiture pour me rendre au départ, cette tendinite demanderait un vrai repos prolongé, un de plus cette année ! Pour le Trail du Boël je suis donc encore hésitant, mardi j'ai fait un peu de mésothérapie alors forcément ca calme bien l'inflammation mais je sais que le problème est toujours là, juste un peu endormi ... 

Côté entraînement je suis passé de 120km à 60km hebdomadaire et forcément j'ai moins d'endurance, moins de vitesse, moins de tout, je suis en dessous. C'est vendredi midi en revenant de mon footing que je minscris à la course, ca faisait longtemps que je n'avais pas couru 2 jours de suite et l'inflammation est toujours assez calme, samedi je reste raisonnable et je ne fais qu'une petite sortie vélo de route dans le vignoble pour dérouler les jambes avant de prendre la voiture et de rejoindre mon frère à Bruz pour un weekend en famille. Ca faisait bien longtemps que nous ne nous étions pas réunis tous les 3, que les 6 cousins et cousines ne s'étaient pas amusés tous ensemble, ce fût un excellent weekend !

Que c'est agréable en ce dimanche matin d'avoir le temps, le départ est à 9h et on est à 5mn de la course. En s'échauffant avec les frangins il fait déjà 16°C, c'est un peu couvert, il fait lourd et chacun de nous a fait sa stratégie d'hydratation, David part avec une grosse poche à eau dans le dos, Ludo ses soft flasks sur la poitrine et moi je pars à sec en comptant sur les 2 ravitaillements en eau proposés sur la course. C'est ma première participation au Trail du Boël et de ce que j'en ai entendu parlé je m'attends à une course exigeante physiquement avec du dénivelé, de la technique et des fous furieux prêts à dynamiter la course dès les premiers 1,5km de chemin de halage. Pont-Réan c'est "LE" spot des rennais qui veulent faire du dénivelé alors je m'attends à une course disputée et éprouvante ...

Sur la ligne de départ je ne connais pas grand monde, je rencontre Pierre-Yves Briand qui est annoncé par le speaker comme le favori de la course mais j'aperçois aussi Christophe Arzur, un athlète breton avec un beau palmarès régional et notamment vainqueur de Guerledan en 2014. Le départ est donné sous l'impulsion de Pierre-Yves suivi de près par Anthony Juge, je suis légèrement en retrait, 1m derrière, ma montre sonne le 1er km en 3'27 et je me dis que 24km à ce rythme ca va être compliqué !

Les premières pentes arrivent, les premiers passages techniques, je suis toujours en 3ème position, légèrement en retrait, derrière le trou est fait mais je sais que Christophe Arzur est forcément là et qu'il fera la différence sur la 2nde partie de course. Au km 8 rien n'a changé, Pierre-Yves mène la course, nous revenons sur le chemin de halage où un premier ravitaillement nous attend, Pierre-Yves qui a une poche à eau dans le dos le saute, Anthony qui comme-moi est parti sans rien prend un verre à la volée et l'avale en courant, mois je préfère perdre 5" en m'arrêtant et boire un verre d'eau complet.

Nota : Une personne de 60kg a environ 39 kg d'eau dans le corps (65%) et lors d'un effort intense, en fonction des aptitudes physiques et des conditions climatiques, on perd entre 0,5 et 2L par heure. 

Une légère déshydratation, c'est 2% de perte hydrique, soit 800g pour une personne de 60Kg, mais c'est surtout une baisse des performances de 20% donc, "grossièrement", au lieu de courir à 4'00 au km on va courir à 4'48 au km et s'il reste 10km à faire ca peut faire très très mal au chrono ... (4% de déshydratation c'est 40% à 60% de baisse de performance).

Tout ca est très théorique car beaucoup de facteurs personnels et environnementaux jouent dans ces calculs mais je conseille aux coureurs que j'entraîne et qui courent sans eau de prendre le temps de s'arrêter pour boire le verre d'eau en entier plutôt que de courir, de renverser les 3/4 du verre et de n'avaler au final qu'une petite gorgée, 5" de perdu au ravitaillement c'est bien moins que 10" de perdu pour chaque km suivant. C'est pour ca aussi que sur un marathon il est  très important de prendre le 1er ravitaillement dès le km 5.

Donc je me suis arrêté et me voilà maintenant 15m derrière à remonter au train sur Pierre-Yves et Anthony, je recolle tout juste en quittant le chemin de hallage et en traversant le pont où j'aperçois en contre-bas Christophe Arzur qui est là, on a environ 45" d'avance.

On change de versant de La Vilaine et on monte en direction de la DGA, km 10, je m'aperçois sur cette montée que je ne suis plus en retrait mais qu'au contraire je dois faire attention de ne pas marcher sur les pieds d'Anthony, l'intensité du départ diminue et si on ne veut pas se faire croquer par Christophe derrière il faut remettre un peu de rythme, je propose à Pierre-Yves de prendre un relais. Je termine cette côte et relance dans la partie descendante le long de la DGA, une petite pensée à mon frangin en pensant aux attaques de buses, c'est la période de nidification et quelques promeneurs et coureurs se sont fait agresser, entre les frelons asiatiques, les chiens non tenus en laisses et les buses c'est pas toujours facile d'être trailer ! Cette descente se termine, j'ai fait un léger écart avec mes compagnons de route et je me dis que c'est le bon moment pour poursuivre mon effort, il reste 11km, l'arrivée se rapproche.

Malheureusement, 1 km plus loin, km14, on traverse à nouveau La Vilaine et on se retrouve sur le parcours commun au 12km, c'est là que commence les galères, j'ai quelques précieuses secondes d'avance et me voilà ralentit par des masses importantes de coureurs, il y a souvent 20 coureurs à la queue-le-leu sur des chemins très étroits. Ces 10 derniers kms vont être un véritable calvaire, impossible de me rappeler si le parcours était beau ou pas, technique ou pas, je n'en ai pas profité, j'ai passé non-stop ces 10 derniers kms à m'excuser, "attention !", "je passe à gauche !", "pardon !", "je passe à droite !", "excusez-moi !", certains s'écartent très vite et m'encouragent d'autres refusent de se faire doubler, d'autres encore ont les écouteurs dans les oreilles et n'entendent pas, et ces chemins qui sont très étroits, alors je saute sur les rochers, dans les trous, je cours dans les ronces, ma tête heurte des branches, mon genou tape un rocher, je prends les mauvaises traces et à sauter dans tous les sens des crampes aux mollets apparaissent, je suis fatigué d'interpeller chaque coureur pour passer d'autant que les écarts de vitesse avec ceux que je double sont importants et en même temps je suis le gibier pourchassé par 3 sérieux concurrents, Pierre-Yves, Anthony et Christophe, alors forcément je suis très pressé et je finis par bousculer quelques participants du 12km qui ne me laissent pas passer ou qui ne réagissent pas à mes appels. Un "ancien" me dira à l'arrivée qu'il pensait que je remontais du 12km alors pas question de me laisser passer ...

Km 22, on sort des bois, je n'ai pas de contact visuel avec mes poursuivants, je retrouve mon ouvreur en VTT qui me dit que c'est gagné, j'ai 1mn d'avance, je peux commencer à relâcher, souffler et profiter de la fin de parcours avant de passer la ligne d'arrivée en voyant ma femme accourir et me dire "Tu es arrivé 1mn trop tôt !"

C'était une belle bagarre et c'est un plaisir de remporter cette course devant Pierre-Yves Briand, Christophe Arzur et Anthony Juge. Je profite du podium pour parler un peu de l'association Jog' Bruz où est inscrit mon frère et qui propose des entraînements course à pied hors affiliation FFA et pour tous niveaux. Bon on m'avait invité à un Trail & Bœuf, il est temps de retrouver la famille à Bruz autour du barbecue avant de rentrer sur Nantes avant la fermeture des bureaux de vote.

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