Le Patou Trail 2017, Skyrunning à St Lary Soulan
C'était mon 2ème objectif majeur de l'année, un Marathon de montagne à Saint Lary Soulan, 44km et 3500m d+ dans les Pyrénées.
Pour ma 3ème participation c'est une épreuve que je connais bien maintenant et l'occasion de souffrir une fois encore dans la montée au lac de Consaterre, mais c'est surtout l'occasion aussi de retrouver cette vue magnifique à 2346m d'altitude sur le massif de Néouvielle et le pic de Lustou.
Cette année 2017 est compliquée, depuis mon entorse de cheville je ne parviens pas à m'entraîner comme je voudrais, je ne parviens pas à retrouver mon niveau de forme de fin 2016 et j'enchaîne les blessures, les arrêts, les forfaits et les reprises. Les hanches avaient lâché pendant ma préparation du Marathon de Paris et j'avais été contraint de rendre mon dossard 3 semaines avant. Depuis il y a eu le mollet, le tibial-postérieur et depuis plus d'un mois maintenant je traîne une tendinite au niveau de la fesse droite avec une douleur déportée sur les ischios. Il y a encore 10 jours j'envisageais même de renoncer à ce 2ème ojectif de l'année ...
A quelques minutes de prendre le départ pour les Pyrénées je suis avec Jocelyn à Miami Fit, le club de Fitness où je donne mes cours de sport, il me présente ses produits à base de Miel Bio des Pyrénées, la gamme traditionnelle Ballot-Flurin et sa gamme sport Beez'Nergy. Jocelyn sera présent au village Marathon du Patou Trail, il me sonde sur la course et c'est plein de doutes que je lui explique ma première partie de saison chaotique, mes forfaits, ma tendinopathie au niveau des fessiers et son impact sur ma préparation avec l'absence de travail spécifique Montagne, l'inflammation, la gêne post-effort et l'incertitude de prendre le départ de la course samedi matin.
Nous arrivons mercredi soir à La Ferme de Soulan où nous retrouvons nos amis Julia et Sylvain dans leur maison d'hôtes, Maël et Maïna quant à eux sont très excités de jouer à nouveau avec Pia et Lia, de chahuter aussi avec le chien Mylan et de caliner le petit dernier arrivé à la maison, Cacahuète.
Jeudi matin, "test point", dernier entraînement avant le Patou Trail. Ca fait 10 mois et la Skyrhune que je n'ai pas couru en montagne, l'objectif est simple, réveiller les muscles spécifiques de la course en montagne et se donner après 36h de repos complet pour diminuer l'inflammation de la tendinithe et évacuer les petites courbatures que j'aurais forcément aux fessiers.
Je parts donc de Soulan jusqu'aux Granges de Lias pour m'échauffer avant d'entamer un petit travail spécifique en s'efforçant de courir jusqu'au Pla d'Adet, l'idée est de retrouver une foulée très raccourcit et de se remettre dans une dynamique de courir en montagne. Le retour du Pla d'Adet s'effectue par Espiaube puis par la piste forêstière que descend vers Vignec et Soulan.
L'après-midi sera consacré à la confection des listings des dossards des différentes courses et le vendredi à la préparation du village Marathon et des poches qui seront remises aux coureurs.
Nous y voilà, 5h00 du matin, je ne suis pas réellement préparé, je manque de spécifique et de volume et c'est donc sans aucune appréhension et sans aucune prétention de course que je me prépare. C'est une sensation très agréable puisque l'idée est simplement de faire ma course sans se préoccuper des autres et de prendre du plaisir à l'effort, d'ailleurs je ne connais pas les autres participants et je ne serais dire si je vais être devant ou pas.
6h30, le départ est donné, ca part assez vite 3'35 au kilo dans les rues de Saint Lary, c'est confortable, ca permet de se mettre dans le rythme et d'attaquer en tête la première difficulté qui monte aux Granges de Grascouéou.
Très vite je fais un petit écart sur mes poursuivants, j'attends en vain la remontée en petites foulées de Stéphane Bacou, tout va bien, je n'ai pas cette sensation de poing contre ma fesse, le profil montagneux semble cohabiter avec ma tendinite, j'avance bien et arrive en tête au premier ravitaillement de Grascouéou. Là-haut le brouillard du petit matin est toujours magique mais la difficulté sur cette portion plus roulante est de repérer les piquets jaunes qui indiquent le chemin, le champ de vision est raccourcit par le brouillard et les différents chemins laissés par les animaux peuvent nous induire en erreur.
Le 2ème checkpoint est le ravitaillement de Pont de Bahut, la descente n'est pas très technique mais après un passage dans l'herbe humide les semelles de mes S-lab Wings se mettent très vite en accordéon dans le bout de ma chaussure et ca devient très désagréable. Cette mésaventure va m'énerver toute la course ! J'arrive en tête au Pont de Bahut, il me faut retirer mes chaussures et remettre mes semelles, ca me prend du temps et je me fais doubler par le second accompagné du 1er relayeur.
Le temps de me ravitailler et me voilà quelques dizaines de mètres derrière dans les premières pentes en direction des granges de Lias. Je reviens très vite sur eux et reste un moment dans leurs foulées avant de repartir devant avec Adrien en direction du Pla d'Adet. Là-haut nous avons une hésitation, nous cherchons des balises jaunes que nous ne trouvons pas et entamons une descente dans la mauvaise direction, le 1er relayeur revient sur nous et interpelons des bénévoles pour demander notre chemin. Cette fois-ci c'est bon, nous amorçons une descente technique et pentue vers Tramezaygues, Adrien est plus à l'aise que moi et prend quelques dizaines de mètres d'avance, je le rattrape et repasse devant sur la partie plane.
Tramezaygues, j'arrive en tête mais à nouveau il me faut retirer mes chaussures, repositionner mes semelles et encore perdre du temps d'autant qu'en demandant mon chemin la bénévole m'indique la mauvaise direction mais je tombe très vite sur Brice, le directeur de course, qui m'indique la bonne direction. Je reste quand même en tête mais derrière un basque espagnol sur le relais. Je reviens sur lui et assurons ensemble la partie transitoire et roulante jusqu'au ravitaillement de Pont Tisné, je suis toujours devant et semble avoir fait l'écart avec mon poursuivant, Adrien.
Ca y est, les premières pentes de Consaterre se présentent sous nos pieds, la course peut réellement commencer !
Nous nous faisons très vite rattraper par une fusée, le 2ème du relais revient sur nous et passe devant, le basque me double et essaie de suivre, je me retourne et constate qu'il n'y a personne derrière alors je préfère assurer la montée à mon rythme car la route est encore bien longue pour rejoindre Consaterre.
Nous sortons de la forêt, les pentes sont de plus en plus raides, je suis souvent au dessus de 10mn au kilo, c'est ma 3ème participation et je commence à bien connaitre cette montée, la fin est très dure, très pentue dans la caillasse. Je regarde régulièrement en contre-bas, je n'aperçois pas Adrien, ca semble pas mal engagé cette histoire !
L'arrivée à Consaterre est toujours une récompense, le soleil brille sur le lac, la vue est magnifique et surtout ce passage annonce la fin de parcours et le retour vers Saint Lary. Je croise Adrien, le second du Marathon, en redescendant quelques centaines de mètres après le lac, j'estime mon avance à environ 3mn. Mais avant d'entamer réellement la descente il y a 3 km de crêtes avec une partie légèrement remontante, les sentiers sont techniques et comme les années passées je trébuche dans les dévers et les roches affleurantes, la fatigue s'installe, je lève moins les pieds. Toujours personne en vue mais je me dis que ma maladresse et mon inaptitude à descendre vite font que forcément derrière ca doit revenir, alors je prends des risques et en filant vers le dernier ravitaillement à Ens je prends de nouveau une belle gamelle ! Et j'ai toujours ces fichues semelles au bout des chaussures, je sais que j'aurais des échauffements à l'arrivée mais pas le temps de s'arrêter pour ca, il faut avancer et vite.
Enfin le ravitaillement de Ens, je le zappe et commence à m'engager sur le chemin quand j'hésite et je m'arrête, je ne trouve plus de balisage, les bénévoles me disent à gauche, mais il y a bien 5 chemins différents, j'avance de façon hésitante et je retrouve enfin le balisage qui me fait plonger dans la dernière partie, 4km sur une piste de VTT et une partie de KV à descendre. Ca sent bon la gagne mais je ne peux m'empêcher de me retourner et sur une belle ligne droite, dans un tout petit chemin, je relance plus fort, j'accélère et je tape une pierre qui me propulse lourdement au sol, je sens l'oreille heurter fortement le sol ainsi que le dos. Je suis coincé au sol pris de crampes aux mollets mais vaille que vaille il faut repartir et terminer, mon oreille est bouchée et j'ai mal au dos. Je continue et tombe encore 2 autres fois avant de rejoindre le chemin de canaille. Toujours seul devant, j'entends le 1er relayeur arriver sous l'annonce du speaker, ça sent bon le retour à l'écurie, un peu plus loin j'aperçois 2 bénévoles, je connais bien ce chemin, un dernier virage, une traversée de route et je rentre dans le village de Saint Lary. Je me retourne une dernière fois, histoire de ... et vlan ! Je me rétame une dernière fois dans une énorme flaque de boue sous les yeux des bénévoles, une de plus ! Je reparts de plus belle et entre dans le village, j'aperçois Brice, personne derrière, c'est gagné ! Je peux profiter des dernières centaines de mètres avant de remonter vers l'office de tourisme et l'arrivée où j'entends qu'on mon annonce, mes enfants me rejoignent, j'aperçois Sylvain et Steph sur la ligne, je peux enfin lever les bras et vivre ce finish, quel plaisir !
Commentaires
Enregistrer un commentaire